Je me souviens est la devise du Québec et 215 est le nombre macabre des enfants morts dont on vient de retrouver les os à l’école résidentielle de Kamloops et il y en a d’autres partout à travers les trois Amériques. Au solstice nous opérons un détournement en mettant en scène une croix de rang, un Christ en croix, symbole d’un catholicisme missionnaire coupable de tentative d’extinction culturelle et maintenant d’un véritable génocide. Dans le nionwentsi’io, notre territoire de Charlevoix se dresse cette croix qui montre que nous sommes clairement dans une terre encore très colonisée. Entre 1626 et 1650, ma nation Wendarhonon fut décimée par les épidémies apportées par les Jésuites. Nous nous souvenons de notre histoire. Nous portons aussi nos masques à la fois pour exprimer la pandémie actuelle mais par renversement que nous sommes toujours des combattants comme nos amis Mayas-Zapatistas qui ont entrepris un voyage de dé-conquête vers l’Europe. Le refus de se souvenir et de reconnaître que la véritable histoire du Québec participe au racisme systémique depuis toujours envers les autochtones est ici très présent. Nous pensons aussi à Joyce Échaquan et à nos amis Atikamekw avec qui nous avons fait un théâtre de guérison de 1995 à 1998. Le bonnet fait avec des plantes vivantes et le bâton d’onagre honorent notre mémoire comme autochtone, notre récit. Nous habitons le territoire et le territoire nous habite.
Translation: “Je me souviens” (I Remember) is the motto of Quebec and 215 is the grisly number of dead children whose bones have just been found at the Kamloops Residential School and there are others all across the three Americas. At the solstice we operate a diversion by staging a back-country cross, a Christ on the cross — a symbol of a missionary Catholicism guilty of attempting cultural extinction and now of a veritable genocide. In the Nionwentsi’io, our territory of Charlevoix, stands this cross which shows that we are clearly on a land that is still very colonized. Between 1626 and 1650, my Wendarhonon nation was decimated by the epidemics brought by the Jesuits. We remember our history. We also wear our masks both to express the current pandemic but as a reversal that we are still fighters, like our Mayan-Zapatistas friends who have embarked on a journey of de-conquest to Europe. The refusal to remember and recognize that the true history of Québec has always been part of systemic racism against Aboriginals is very present here. We also think of Joyce Échaquan and our Atikamekw friends with whom we did a healing theater from 1995 to 1998. The bonnet is made with living plants and the evening primrose stick honors our memory as Indigenous peoples, our story. We inhabit the land and the land inhabits us.
Dans ce territoire, nous avons bâti une kanonchia, une cabane en 1978 lorsque nous sommes arrivé d’un long voyage chez les Mayas. Cette cabane est notre troisième cabane. Elle pourrait avoir aussi été construite en 1950 ou 30 ou encore en 1890. Ici, les personnages toujours revêtus de leur bonnet de plantes vivantes et le bâton d’onagre s’affichent comme des résistants. Ils sont la résurgence de leurs ancêtres. Ils sont à la fois leurs ancêtres et à la fois eux même, déjouant ainsi le concept d’un temps linéaire. Encore aujourd’hui plusieurs peuples autochtones doivent défendre leur territoire. Ici, une réaffirmation essentielle :-nous autochtones, notre seul chemin est celui des origines! Redevenir ce que nous étions, des cultures non-chrétiennes et non-occidentales. Marcher à l’envers d’un monde catastrophié :- like contrary people!
Translation: In this territory, we built a kanonchia, a cabin in 1978 when we arrived from a long journey among the Mayans. This cabin is our third cabin. It could also have been built in 1950 or 30 or even in 1890. Here, the characters still dressed in their bonnets of living plants and the stick of evening primrose, displays their resistance. They are the resurgence of their ancestors. They are both their ancestors and themselves, thus defeating the concept of linear time. Still today, many Indigenous peoples must defend their territory. Here, an essential reaffirmation: ‑we Indigenous Peoples, our only path is that of origins! Become again what we were, non-Christian and non-Western cultures. Walking upside down in a catastrophic world: — like contrary people!
Debout dans l’aube avec nos bonnets de plantes vivantes nous avons attendu le nouveau soleil. Nous sommes une dualité inversée! Il/elle ou elle/il attendent que le feu renaisse de ses cendres. Voilà qu’avec notre bâton d’onagre, il/elle allume le soleil comme le faisaient nos ancêtres. Que ce nouveau soleil éclaire notre chemin, que ce soit un chemin de beauté, de force, de joie! Les Amériques sont notre terre!
Reconnaissons-nous, marchons ensemble et reconstruisons nos cultures!
Translation: Standing in the dawn with our bonnets of living plants we waited for the new sun. We are an inverted duality! He/she or she/he waits for the fire to rise again from its ashes. Here we are with our stick of evening primrose, he/she lights the sun as our ancestors did. May this new sun light up our path, may it be a path of beauty, of strength, of joy! The Americas are our land!
Let’s recognize each other, walk together and rebuild our cultures!
By Yves Sioui Durand and Catherine Joncas, June 20, 2021